LA PANDEMIE « FANTÔME » : Violence contre les femmes pendant le COVID-19
La phase de crise du COVID19 a été particulièrement difficile pour les victimes de violence domestique, et en particulier les femmes et les filles confrontées à des situations d’abus. Les nombreuses mesures de confinement ont contraint les familles à vivre étroitement ensemble et ont accru les tensions. En outre, les structures mises en place pour secourir les victimes potentielles et les centres de consultation ont été confrontés à une augmentation des demandes d’assistance. Cela montre l’importance d’un solide cadre de réponse sociale et économique qui doit être mis en place par les gouvernements et les organismes d’appui non gouvernementaux.
16 juillet 2020
Selon une première estimation, le Grand-Duché n’a pas connu d’augmentation massive au niveau des recensement de violence domestique. Le 11 juin 2020, alors que le Luxembourg évoluait lentement vers des phases de déconfinement plus avancées, la Ministre de l’égalité entre les femmes et les hommes Mme Taina Bofferding a présenté les chiffres liés à la violence à l’égard des femmes au sein de leurs foyers entre les mois de mars et mai 2020.
Les chiffres au Luxembourg
À ce titre, en mars 2020, 91 interventions policières ont été effectuées, dont 26 ont entraîné l’expulsion de l’agresseur du domicile familial. Ce nombre a diminué en avril 2020, lorsqu’uniquement 73 interventions ont entraîné 19 expulsions. En mai 2020, le rapport du ministre montre que 23 personnes ont été invitées à quitter leur domicile pour un total de 79 interventions policières.
Malgré ces chiffres qui n’ont peut-être pas augmenté de manière spectaculaire en raison des mesures de confinement liées au COVID-19, il était essentiel que le gouvernement luxembourgeois mette en place des mesures pour assurer une action efficace et préventive en cas de violence domestique et permettre aux victimes de se sentir à l’abri dans le cas où une aide extérieure deviendrait nécessaire. Ces mesures comprenaient le suivi hebdomadaire de situations précédemment connues des autorités, le développement du site internet violence.lu directement destiné aux victimes de violences et la mise en place d’une ligne d’assistance téléphonique.
En date du 3 juillet 2020, la ministre Taina Bofferding a également visité les structures d’accueil et les centres de consultation enregistrés auprès du ministère de l’égalité des femmes et des hommes, à savoir la Fondation Maison de la Porte ouverte (FMPO), la Fondation ProFamilia, Femmes en Détresse asbl (FED) et le Conseil national pour les femmes luxembourgeoises (CNFL). L’objectif de cette visite était d’obtenir une image globale du travail social réalisé par les organisations et leur personnel au profit des femmes en situation de détresse, notamment en période de violence domestique accrue.
Tout au long du confinement et des phases progressives de déconfinement, les organisations ont parfaitement maîtrisé la situation et ont pu poursuivre leurs activités grâce à des permanences téléphoniques et sur site. L’assistance et l’assistance aux victimes potentielles pourraient être garanties. Cette visite sur place est une première étape pour faire le point sur la crise.
Le rapport de ONU Femmes
La crise actuelle de violence à l’égard des femmes et des filles montre déjà des statistiques inquiétantes à travers le monde, car on suppose qu’au cours des douze mois précédents, près de 18% des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans ont subi des violences physiques ou sexuelles de la part d’un partenaire. Le rapport d’ONU Femmes sur cette pandémie «fantôme» traite de l’impact économique de la violence à l’égard des femmes et formule plusieurs recommandations à l’attention des gouvernements et des organisations affiliées dans la lutte contre la violence.
Le rapport publié le 6 avril 2020 recommande aux gouvernements d’allouer des ressources supplémentaires et d’inclure des mesures allant à l’encontre de la violence fondées sur des preuves pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et des filles dans les plans de réponse au COVID-19. Le rapport souligne en outre l’importance du système d’intervention mis à la disposition des victimes de violence, comme les abris, les centres de soutien psychologique et les lignes d’assistance.
Afin d’agir de manière préventive, ONU Femmes plaide également pour placer les femmes au centre du changement de politique, des solutions et du relèvement. Le renforcement des capacités des services clés pour prévenir l’impunité ne peut être efficace que si les victimes elles-mêmes font partie de la solution. La collecte de données à cet égard, présentée par exemple par le Luxembourg, est un élément essentiel pour bien comprendre l’impact de COVID-19 sur les victimes de violence domestique et dans le cadre de la violence à l’égard des femmes et des filles. Cela permettra aux gouvernements et aux organisations apparentées de structurer une réponse globale.
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Le gouvernement luxembourgeois surveille en permanence les chiffres liés à la violence domestique et a procédé à une première évaluation du confinement au cours de la période qui s’est écoulée de mars à juin 2020. Cette surveillance doit se poursuivre en vue d’un éventuel second confinement en raison de la recrudescence des cas, en ligne avec la recommandations formulées par ONU Femmes.